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Aleph



FRANK LALOU



ZOHAR
Le Saint béni soit-Il lui dit :
Aleph, Aleph, bien que je créerai le monde par la lettre Beth, tu seras la cime de toutes les lettres, je n'aurai d'unité qu'en toi. Sur toi s'ajusteront toutes les mesures et toutes les oeuvres du monde. Il n'y aura d'unité qu'en la lettre Aleph.


Et le Saint béni soit-Il fit grandes les lettres d'en haut et petites les lettres d'en bas.
C'est pour cela qu'il y a deux Beth au commencement de la Genèse (beréshit bara) et deux Aleph (Elohim et eth), lettres d'en haut et d'en bas.


La lettre Aleph est une des lettres les plus sacrées dans la tradition juive. On pourrait écrire un livre uniquement sur elle. Certains kabbalistes diraient même une encyclopédie. Sa valeur numérique de 1 la place d’emblée dans l’Unité. Cette unité est centrale pour le monothéisme juif. Elle est le Un présent dans les mille choses. Son unité la rend divine, mais elle aussi l’initiale d’un des noms de Dieu primordiaux : Elohim..

D’autres célèbres noms de Dieu commencent par cette lettre Adonaï, El, Adir. Elle est aussi présente dès le premier personnage avec lequel Dieu a contracté une Alliance : Abraham. Abraham est le premier homme de la Bible à avoir senti l’unicité de Dieu.

Aleph est la première lettre du texte fondateur et fondamental du judaïsme : les Tables de la Loi. Elle est l’Aleph du pronom personnel Je de majesté qu’est Anokhi. Nom de Dieu, nom du premier homme créé, nom du premier homme choisi, nom de la formulation des lois.

Comme elle est quasiment muette, sa vocation est de tenter d’exprimer l’inexprimable, l’inconcevable.
Aleph vient du mot Alouf, chef. Cette même racine est très fréquente dans le monde Israélien contemporain puisqu’on la retrouve dans Oulpan qui désigne l’enseignement et par extension la formation d’hébreu que suivent les nouveaux immigrés. Ce sens plonge l’Aleph davantage dans le domaine du Divin. Car sous sa forme Alouf il est un des nom de Dieu qui est le maître, le seigneur, le Dominant exactement, dans le même esprit que le mot latin Dominus Dei.
Curieusement la racine Aleph est aussi vocalisée en Éleph. Seule la voyelle sous l’Aleph change. Pourtant nous passons avec les mêmes lettres de l’Unité à la Multitude. En effet Mille et Un se confondent. Comme dans la tradition chinoise, mais aussi dans celle des Mille et une nuits, mille est synonyme de la multitude. La sagesse du judaïsme confond métaphysiquement l’un et le multiple. Comme dans le Tao Té King, tous deux procèdent du même mouvement.
Cette notion est marquée grammaticalement. En hébreu le singulier et le pluriel ne suivent pas les règles du sens commun des autres langues. Pour le singulier, il existe une forme simple, ainsi que pour le pluriel jusqu’à cent. Puis, au-delà de cent, on reprend la forme du singulier. Par exemple : un cheval se dit Souss, deux chevaux, Soussim et cent chevaux de nouveau Souss.

ABECEDAIRE-ALEPH2_1.jpgDans le fameux passage, du Zohar Dieu dit à Aleph qu’il serait présent dans toutes les lettres et toutes les choses. A contrario, son absence au sein d’un mot est inquiétante et peut avoir une connotation négative. Par exemple le mot Adam s’il perd son Aleph initial donne le mot Dam, le sang. Il en est de même dans la célèbre histoire du Golem.
Le kabbaliste de Prague, le Rabin Loew, pour protéger sa communauté persécutée crée une créature d’argile fantastique très dangereuse pour les adversaires des enfants d’Israël. Pour animer cet être sorti de la glaise, il place sur son front le mot émet qui signifie vérité. Quand Le Rabin Loew perdra le contrôle de ce robot de terre, pour le tuer il ôtera l’Aleph d’émet. Ce qui ne laissera sur le front du Golem que le mot met, la mort. Aleph invisible en toute chose est l’énergie du Bien, de la Vie face à l’énergie du Mal et de la Mort plutôt représenté par le Tav.

Dans le Sépher Yétsira, l’Aleph revêt aussi une importance primordiale car il fait partie des Trois Lettres matrices de l’Univers :
Trois mères, Aleph, Mem, Chin, elles se fondent sur la paume du devoir, la paume du droit et la langue de la loi qui décide entre les deux.

Trois mères, c'est un grand mystère merveilleux et caché, scellé par six anneaux et de qui sortent l'eau et le feu scindés en mâle et femelle.

Trois mères se fondent, et d'elles naissent les pères à partir desquels tout est créé.
Trois mères, dans l'univers, elles sont l'air, l'eau et le feu. Les cieux furent d'abord créés à partir du feu, puis la terre fut créée à partir de l'eau. L'air décide entre les deux.

Un autre mot très important dans la tradition mystique commence par l’Aleph : Or, la lumière, présente dès les premiers instants de la Création du monde. La lumière que Dieu juge bonne est créée curieusement avant l’astre solaire. La lumière de la Genèse se passe de la matière du soleil pour être, elle comme l’Aleph, dans toutes les choses créées.


MIDRASH HA ‘HOKHMA de Juda Ben Salomon ha Cohen(1245-1247)
Aleph. Réfléchis bien au mot Émet, Vérité : il est composé de trois lettres très fortes et très solidement établies, qui sont soit le début de l'alphabet, soit son centre. L’Aleph représente l'intellect, c'est pourquoi on ne le trouve pas dans Met, la mort, car le corps sans intellect est mort. Aussi nos Sages ont-ils dit : « les Justes, même s'ils sont morts, sont appelés vivants et les méchants même durant leur vie, sont appelés morts" (Talmud Bab. Berakhot 18a). Il en est ainsi de dam, le sang, qui symbolise l'âme dépourvue d'intellect et qui se trouve dans les animaux. Mais si tu ajoutes l’Aleph, Adam, alors tu trouves l'homme qui, outre le corps et l'âme, est doué d'intellect.

Chaque mot est composé de trois mondes, afin d'expliquer que la providence divine s'épanche d'abord sur le monde spirituel et, de là, elle se répand sur la terre. Cette providence est organisée de manière à ce que chaque partie des trois mondes soit liée à une autre partie : ainsi la matière première dépend de l'existence de la première sphère et la première sphère dépend du premier intellect.



GUEMATRIA
L’Aleph peut être décomposé en plusieurs autres lettres. Dans une lecture aux éclats, comme dirait le philosophe rabbin Marc-Alain Ouaknin, on peut distinguer trois lettres dans son corps : deux Yod et un Vav.

Si on ajoute les valeurs numériques des trois éléments de l’Aleph nous obtenons
Yod + Yod + Vav = 10 + 10 + 6 = 26. Ce qui correspond exactement à la valeur numérique du  Tétragramme divin IHWH (10 + 5 + 6 + 5 = 26). De nouveau l’Aleph se confond avec le divin Dans sa graphie pleine le mot Aleph s’écrit en trois lettres : Aleph, Lamed et Fé. Ce 
qui donne, 1 + 30 + 80 = 111, c’est-à-dire la proclamation par trois fois de l’Unité de Dieu 
que l’on retrouve dans l’expression sacrée Un est Élohim







première lettre de l’alphabet
valeur numérique : 1
valeur numérique pleine, Aleph, Lamed, Fé : 111
sens : Taureau, enseignement
phonétique israélienne : h muet
phonétique originelle : petit coup de glotte


Ecoute, Israel: Hachem est notre D. , Hachem est UN!
Béni soit à jamais le Nom de Son règne glorieux! 

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