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‘Het


‘Het sépharade du XIVe siècle catalan.

Généralités

Après le taureau, la maison, le chameau, la porte, la lettre ‘Het nous parle du quotidien des hommes et des femmes, des bergers et des bergères. Elle nous plonge dans la vie rude des Hébreux, dans leur errance sinaïtique, contraints de construire et maintenir des clôtures pour survivre dans un climat hostile. Avant de disserter sur les grandes idées, les vastes images véhiculées par le symbole qui voyage pratiquement intact depuis plus de trois mille ans, il est nécessaire d’imaginer l’existence des peuples de la région. Même, comme nous tentons de l’apprendre dans ces premières consonnes, proto-sinaïtiques, paléo-hébraïques, nous trouvons des analogies avec des signes hiéroglyphiques, signes sacrés, il ne faut pas oublier quelle devait être la préoccupation principale de ces populations : la survie, conserver un cheptel dans un secteur où l’agriculture n’était pas facile, contenir l’assaut d’ennemis. 

La barrière sépare, isole, protège. Elle permet dans un cadre pastoral de conserver l’énergie animale qui permettra de nourrir les familles, de contenir la force des bêtes de traits et de bât. Par analogie à notre monde, elle est une centrale énergétique.

Le ‘Het, la frontière, évoque aussi la matrice féminine, avec sa fermeture. Dans les traditions sémitiques le monde de la femme est un monde à part. Pendant ses périodes, la religion juive ancienne crée de véritables barrières physiques, l’espace pendant ces journées est modifié, les époux, par exemple,  ne peuvent plus partager le même lit, personne ne doit toucher le corps de la femme qui « laisse échapper de la vie ».
La barrière sépare le pur de l’impur, le même et l’autre, le bien et le mal. La dualité dicte toute une partie de la vie rituelle, même si elle marque des séparations incontournables, elle est aussi le signe de l’appartenance et permet le développement intérieur.

TRADITION
 

Alphabet Rabbi Akiva

Pourquoi le Het n’est-il pas surmonté d’une couronne ? Parce que tout fauteur (baal ‘Het) porte sa honte et n’a ni compliment, ni bonne renommée dans ce monde, mais déshonneur et mauvaise réputation.
 
SYMBOLISME


Le ‘Het est une lettre très connue du grand public car elle est portée en pendentif autour du cou par beaucoup de Juifs. Au lieu de l’étoile de David, ils préfèrent le ‘Haï qui veut dire la Vie.

Tout d’abord le ‘Het en tant que chiffre 8 fait suite au sept de l’accomplissement. Il est moins présent dans la Bible que le sept mais est chargé de lourdes significations. C’est au huitième jour que l’on circoncit les jeunes garçons. La circoncision est la marque dans le corps de l’union charnelle entre l’individu et son Dieu, entre l’individu et son peuple. La trace indélébile de la fidélité. Elle marque aussi un rite de passage, un saut, une barrière à franchir. Nous revoilà dans l’étymologie de la lettre ‘Het.

Le Temple de Jérusalem  n’entre en fonction qu’au bout de huit années. Dans le désert, au huitième jour commencèrent les premiers sacrifices.

Le huit est symbole de l’éternité, de la vie éternelle. Curieusement porter le Haï en pendentif n’est pas une coutume éloignée de celle des égyptiens qui ornaient leur cou du Ankh, la croix ansée, qui elle aussi est signe de vie éternelle et veut littéralement dire Le Vivant. Ce signe Ankh est le symbole de millions d’années de vie future. Son orbe est l’image parfaite de ce qui n’a ni commencement ni terme. Le ‘Het est aussi lié à la vie par Ève, la matricielle, dont le nom commence par la lettre et dont l’étymologie est qui donne la Vie, ‘Havvah. L’intérieur de la lettre peut être vu comme le ventre où naît la vie. Une source de Vie.
 
‘Haïm, la Vie


Par analogie il ressemble beaucoup à un Torii japonais, portique en bois présent dans les temples Shinto. Comme ces Torii il est un portail initiatique. Contrairement au  qui avait une ouverture dans sa partie supérieure, le seul accès est au sud de la lettre. Ce porche est symbole des entrées et sorties des énergies spirituelles.

Certains commentateurs décèlent un aspect négatif au ‘Het car il est l’initiale du mot ‘Het, Taj,  faute, péché, crime. Cette faute peut être celle d’Adam et Êve, mais aussi celle de tout homme vivant. Curieusement dans le lexique hébraïque, le ‘Het négatif est contrebalancé par un autre mot de même racine qui veut dire purification. Les erreurs dans le judaïsme sont réparables. Les sacrifices avaient cette fonction. C’est pourquoi la nuance pour cette racine est une purification par le sacrifice. Depuis la destruction du Temple de Jérusalem, les Juifs ne sont plus astreints aux sacrifices d’animaux. Les nouvelles formes du sacrifice est la prière et l’étude.

Ce qui revient à dire qu’après chaque erreur, chaque faute, il faut redoubler la prière ou l’étude pour ne pas retomber dans les mêmes schémas et se remettre dans l’interprétation première de la lettre ‘Het, ‘Hayim, la vie. Éviter les fautes revient à sauter sans arrêt la barrière. Le ‘Het lu d’un point de vue moral est la lettre initiatique par excellence. Le récit de Pessa’h illustre bien ce que peut être la faute. Quand il s’est agit de quitter en tout hâte l’Égypte, certains Hébreux n’ont pas osé affronter la nouvelle vie de liberté, sans le joug terrible de Pharaon. Ils n’ont pas su sauter la barrière de Misrahim, Égypte en hébreu. Ils ont donc renoncé à l’espoir et sont restés complices du Mal et ont perdu leur identité. Le mot Égypte en hébreu signifie enfermement, contraction, resserrement. La liberté ne s’obtient que par l’effort, le courage et le lâcher-prise qui permet de sauter l’obstacle.
 
GUEMATRIA


‘Het particulier constitué de deux Zayin.

Outre la valeur 8 que nous avons vue plus haut. Le ‘Het peut être décomposé en deux Zayin, soit 7 plus 7 = 14. La graphie sacrée ashkénaze tient compte de cette interprétation. Ce quatorze nous renvoie à David, au bien-aimé ou bien à Ahavah, l’amour. Les deux Zayin combinés forment aussi le mot Ziz, le mouvement. La présence de ces deux Zayin font du ’Het la lettre énergétique par excellence. Voici deux glaives pour mieux affronter l’obstacle.

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