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Zayin



ZOHAR

La lettre Zayin (z) entra et lui dit: — Maître du monde, veuille créer par moi le monde, car par moi tes fils gardent le Shabbat, ce qui est écrit : « Rappelle-toi (Zekhor) le jour du Shabbat pour le sanctifier »(Ex : 20,8).
Il lui répondit : — Je ne créerai pas par toi le monde, car il y a en toi le combat, le glaive tranchant et la lance de combat semblable à la lettre Noun. Aussitôt elle sortit de sa présence.

SYMBOLISME

Le Zayin de par sa forme même est présente sept fois dans l’alphabet traditionnel des sofers. Il construit sept lettres, le Guimel, le Zayin, le Teth, le Noun, le ‘Ayin, le Tsadé et le Shin.

Ces sept lettres sont couronnées de trois brins. Toutes les lettres de l’alphabet sacré utilisées pour la calligraphie des Torah, Mézouza et Téfilin, ne possèdent pas de couronnes, seules celles engendrées par le Zayin le sont. Ces petits traits dessinés au-dessus du Yod des lettres sont trois petits Zayin dominant le signe. Nombreuses sont les interprétations sur ces petits appendices, en hébreu taguin. Leur origine est encore obscure. D’après un passage du Talmud, Dieu tressait ces taguin pour embellir les lettres quand Moïse vint chercher les Tables de la Loi. Les sofers pour respecter cette image tracent depuis ces petits traits. Quoi qu’il en soit, les taguin sont un support de plus à l’ouverture du texte et permettent de pousser toujours plus loin les interprétations. 

Les Sépharades comme les Ashkénazes respectent cette tradition.
D’une manière générale, les taguin sont la marque de la royauté de ces lettres et en particulier ZAYIN-CERFpetit.jpgdu Zayin qui les construit. Son dessin et son étymologie (arme) ne sont  pas étrangers à ce sentiment de noblesse que donne la lettre : elle évoque un glaive, une épée. L’image du sceptre est souvent retenue. Son Yod qui a pour valeur numérique dix renvoie aussi à la Séphira du même nombre : Malkhout. 

Le caractère guerrier des lettres issues du Zayin est tempéré par la couronne de trois épis qui vient rappeler à la force de modérer la rigueur des pouvoirs. Toujours ce souci dans le judaïsme d’équilibrer les deux forces du divin, le ‘hesed, la bonté, et le din, la justice, l’une proche du Tétragramme YHWH et l’autre d’Elohim.

Dans le passage du Zohar, Zayin lui-même se dit lié au Shabbat. Deux fois lié, par le verbe Zekhor (se rappeler) et par le chiffre 7 qu’il est. Se souvenir est toujours essentiel dans tous les moments du judaïsme. Les hommes rappellent à Dieu toujours ses promesses et Dieu demande toujours à l’homme de se souvenir de ses engagements. Toute la notion d’élection est fondée sur le souvenir des contrats engagés. La vocation du Peuple d’Israël est le souvenir et la perpétuation du message sinaïtique.

Tous les vendredis soir est rappelé dans les prières du soir que Le Shabbat est le septième jour de la Création, c’est-à-dire son arrêt. Ce sept est le chiffre de la perfection, de l’achèvement. Même si toutes les œuvres que fit Dieu pendant cette semaine sont considérées comme bonnes, les hommes de tous les temps ont malheureusement pu constater que la perfection était loin d’être de ce monde. Dans le judaïsme l’achèvement ne signifie pas la mort d’un processus. Dieu a créé le monde en six jours plus un jour de repos. Après cet élan créateur, c’est à la vie, à l’homme d’achever le travail. Tout idée de fixité est étrangère à la pensée juive qui a une vision du monde en perpétuel mouvement.

Nous sentons la première faille de cette perfection dans le verset :
Adonaï dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul,
je lui ferai une aide semblable à lui. (Genèse 2,18)
Dieu après avoir toujours gratifié ses créations de bonnes, dit que quelque chose ne l’est pas. Ce passage marque la première rupture. Le mot aide en hébreu se dit ‘ézer et comprend un Zayin. Ce besoin d’aide fait entendre que la femme est la première tentative par Dieu d’améliorer sa propre création. Nous comprenons que le monde n’est pas déterminé comme une suite mathématique, mais que, comme l’homme invente au coup par coup, Dieu crée dans un dynamisme non figé.

La femme fera vivre la semence, c’est-à-dire l’avenir et tout l’opposera à la mort (semence  zera’ est une anagramme de ‘ezer).

La lettre Zayin nous interroge tout au long des premiers versets de la Genèse. Le mot mâle, zakhar, revient souvent, curieusement sa racine est la même que celle du verbe vu plus haut, se souvenir. Qu’est-ce qui lie le fait d’être mâle au souvenir ? Dans la tradition juive, les femmes ne sont pas astreintes aux mêmes rythmes de prières que les hommes car contrairement à eux, elles ne sont pas liées au temps comme l’homme l’est.
Or la plupart des prières juives sont liées au temps. Les femmes sont, si elles le désirent, dispensées d’un grand nombre de prières. Dans une argumentation spécieuse, la tradition dit qu’elles n’ont pas besoin de prier autant que les hommes car elles sont parfaites, alors que l’homme doit par la prière, le souvenir et l’effort pour finir de se parfaire.

C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
Zayin est au centre du verbe quitter ‘azav. Plus tard dans le décalogue, il est commandé d’honorer son père et sa mère, plus exactement de leur donner du poids. Mais là s’arrête le devoir des enfants envers les parents, car une fois l’éducation achevée, il faut les quitter pour ne pas tomber dans l’immobilisme, la fixité du clan resserré sur lui-même. Quitter est la condition du progrès personnel, de la liberté. La séparation nécessaire d’avec les géniteurs pour ne pas tomber dans la stérilité. Dans le récit de la Genèse Adam et Ève, grâce à leur désobéissance concernant le fruit, devront quitter leur Eden pour devenir eux-mêmes, s’affranchir de ce poids terrible qu’est le bonheur tout tracé de leur Paradis.

Une autre racine est intéressante. Les verbes bouger, se déplacer sont exprimés par la racine trilitère zouz. Deux Zayin entourant un Vav. La langue hébraïque est passionnante par ses raccourcis extraordinaires et son pouvoir d’évocation. Le Zayin, la figure de la force, de la virilité (en argot Zayin signifie pénis), de l’arme, du glaive phallique entourant avec un second Zayin un Vav tout aussi ithyphallique pour exprimer le déplacement, le mouvement. Ces trois figures verticales forment un véritable idéogramme de la force marche. Ce verbe résume la valeur combative de la lettre, combat intérieur pour la liberté, combat extérieur aussi car le Zayin est par son chiffre le nombre du monde.

Paradoxalement une tradition dit que le Zayin représente la femme de valeur qui est la couronne de son mari. Elle devient par ce biais le symbole de la matriarche Sarah. Le peuple hébreu par son élection est parfois dit la couronne du monde crée.

GUEMATRIA

Le Zayin est le chiffre Sept. Ce nombre est le plus fréquent et le plus chargé dans la symbolique biblique.  Le chandelier à sept branches est le principal symbole juif, il est décrit pour la première fois dans l’Exode. Le froment et l’orge, le raisin, la figue, la grenade, l’olive huileuse et le miel sont les sept espèces caractéristiques de la richesse du pays d’Israël. Nous avons aussi les sept jours de la création, les sept cieux, les années sabbatiques, les sept jours de la semaine, les sept fois une semaine après la Pâque (pentecôte), le jubilée toutes les sept fois sept ans, les sept états de l’âme, les sept ministres du culte d’Israël : Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, Aaron et David. Le Sépher Yétsirah précise que le sept est la somme des six directions de l’espace plus leur centre.

Dans un judaïsme plus ésotérique, nous avons les sept yeux d’Élohim qui observent la Création, les sept séfirot mineures. La liste pourrait encore s’étendre. Le sept est toujours le nombre de la perfection, de l’accomplissement.

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