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La lettre  est une lettre extrêmement importante dans le « panthéon » de la tradition juive. Elle est présente à tous les niveaux de l’interprétation. De la symbolique la plus évidente à la grammaire la plus mystique.


Tout d’abord son phonème est tout à fait particulier dans l’ordre des consonnes. Il demande une contraction des poumons pour être prononcé. Un effet de soufflet exprime sa musique. Ce travail sur l’expiration est la base de toute une mystique des lettres. Répéter sans arrêt ce glyphe essouffle. Comme le firent de grands maîtres juifs du Moyen-Âge tel Aboulafia qui en permutant les voyelles sous les consonnes créèrent des exercices spirituels de haut niveau. Le suprême mantra qu’est le Tétragramme comprend deux . Si on combine ces quatre consonnes et les sept voyelles de base, on obtient 2401 combinatoires qui demandent des heures et des heures à être scandées, 7x7x7x7. Si on distribue avec les neuf voyelles on obtient 6561 possibilités de Tétragrammes différentes.

Quelques combinaisons du Tétragramme.




La lettre  est le moyen d’écrire ce Tétragramme, quand on le croise dans un texte, on doit dire Hachem, c’est-à-dire, le Nom.


Comme le souligne l’extrait de l’Explication des lettres de Rabbi Akiba, le monde fut créé par le . La formule quand ils furent créés peut être lue en manipulant le préfixe ainsi :  par le , il les créa.. Nous retrouvons l’obsession de comprendre la Création par une intelligence des instants zéro, comme le font maintenant les astrophysiciens qui remontent le temps sans relâche afin d’approcher de milliardième de seconde en milliardième de seconde l’explosion du Big Bang.


Pour rester dans ce souci de faire du  une lettre cosmique, certains décèlent dans le  construit avec ces trois traits, les trois dimensions fondamentales de l’Univers créé, longueur, largeur et profondeur.


Le  a une extrême importance dans la formation du nom du patriarche Abraham et de lahe-lavie.jpg matriarche Sarah. Avant l’acceptation totale de leur vocation d’être le père et la mère d’une nouvelle nation et fondateur du monothéisme, ils avaient un autre nom. Le premier s’appeler Abram et la seconde Saraï. Elohim leur donne un autre nom, à Abram il ajoute un  après le Rech et à Saraï il supprime le Yod pour lui substituer un autre .

Les deux personnages clé de la Bible, une fois leur « conversion » opérée, se voient pourvus d’un qui marque la présence du souffle divin du Tétragramme dans leur nom. La tradition décèle dans ces deux  ajoutés la complémentarité des deux sexes pour accéder au divin : les deux  cumulés donnent le nombre 10 qui est la valeur numérique du Yod, autre consonne du Nom ineffable YHVH, qui signifie le pouvoir et la puissance de Dieu.

« Abraham s’éleva au  d’en Haut, Sarah descendit dans le  d’en bas… Après que le  fut donné à Sarah, son Hé et celui d’Abraham s’unirent et engendrèrent dans l’En-Haut, celui qui en sortit fut le Yod ». (Zohar I, 96a, in Voix des lettres, voie de la sagesse de Bermann)

Le  revêt une fonction essentielle dans la grammaire hébraïque, c’est lui qui marque le féminin. Par lui la polarité Masculin/Féminin existe. Il est associé au phonème a. On pourrait faire l’analogie avec le E français qui lui aussi indique très souvent le genre féminin des noms. On sait l’importance dans la tradition biblique de la bipolarité : création du jour et de la nuit, des eaux d’en bas et des eaux d’en haut, de la justice et de la miséricorde. La Genèse précise lors de la venue au monde des animaux qu’ils furent crées mâle et femelle.
 Le  par sa valeur numérique est le cinquième jour de la Création où adviennent les animaux qui ont reçu l’ordre de croître et multiplier. Le  est le symbole de la création bénéfique, c’est lui qui amène les êtres à l’existence, non pas abstraite du Beth, mais concrète.

Adonaï dit : Que les eaux grouillent d'un grouillement d'êtres vivants et que des oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel et il en fut ainsi. Adonaï créa les grands serpents de mer et tous les êtres vivants qui glissent et qui grouillent dans les eaux selon leur espèce, et tout ce qui est ailé selon son espèce, et Adonaï vit que cela était bon. Dieu les bénit et dit :  Soyez féconds, multipliez, emplissez l'eau des mers, et que les oiseaux multiplient sur la terre. Il y eut un soir et il y eut un matin : jour cinq. (Genèse, 1,20-23).

Autre dialectique du . Cette lettre est quand elle préfixe d’un mot, l’article défini : le, la, les. Il n’existe pas de déterminant indéfini en hébreu. Par elle donc s’articule le défini ou l’indéfini. Notion importante dans la pensée hébraïque soucieuse des définitions. La lettre hé indique aussi dans la phrase l’interrogation ou l’exclamation, ce qui fait d’elle un centre d’émotion. Placée à la fin des termes de lieu elle note le déplacement, le mouvement.
 
GUÉMATRIA

Outre le cinquième jour abordé plus haut, le chiffre cinq est très important dans le monde sémitique. Il est un signe de conjuration du mal. Il donne le pouvoir de la main-bonne. Nous retrouvons cette symbolique dans la main de Fatma, porte bonheur porté dans le monde arabe. Les personnes superstitieuses des pays levantins quand on leur demande l’âge de leur enfant ajoute toujours un cinq au compte de ses ans ou de ses mois. Ce qui a pour effet de rejeter le mauvais œil. Nombre d’amulettes kabbalistiques ont pour graphisme cette main.

La tradition mystique décèle cinq niveaux de l’âme, la Thora est composée de cinq rouleaux. Sa centralité au milieu de la suite numérique jusqu’à neuf en fait une lettre vouée à l’équilibre.
Notre graphe est lié à la cinquième Séphira, ‘Hessed, la bonté,  liée à Abraham. Elle est l’énergie qui se donne entièrement en s'épanchant sur le monde, le don de soi, que ce soit en termes de volonté, d'affection ou de relation, et qui en se donnant, s’oriente vers la Séphira Gevourah.

Quand on lit aux éclats le  nous trouvons un Daleth et un Yod. Le  est une contraction du Yod divin et de la pauvreté. Le Hé est la porte du Yod qui est l’unité insécable, le point O de tous les commencements.

Il existe une autre manière de décomposer la lettre en utilisant la cursive ashkénaze. Nous obtenons un Khaf d’une valeur 20 et un Vav d’une valeur 6. Les deux lettres cumulées donnent 26, le rapport numérique du Tétragramme. 

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