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Khaf

Khaf séfarade.

Avec le Khaf nous abordons un des plus anciens signes de l’humanité : la main. Les parois des grottes magdaléniennes sont parées de mains négatives. Déjà elle était dans ces temps préhistoriques un sujet d’émerveillement et de questionnement pour les hommes. Ces paléolithiques comprenaient que ce membre les différenciait des autres êtres vivants qui les entouraient, les menaçaient, les chauffaient de leur peau, les nourrissaient de leur chair. Cette main fera de l’homme, le producteur d’outil par excellence mais surtout le plus puissant prédateur de l’univers.
En hébreu Khaf veut dire la paume. Curieusement entre le Yod et le Khaf, l’ordre alphabétique bégaie. Nous avons deux fois des signes avec des origines voisines. Entre les deux occurrences, nous pouvons distinguer deux manières d’être. Le bras tendu exprimait plus une énergie, un mouvement. L’idée de donner, de tendre vers, penchait plus vers l’action. La main du Khaf est plus la paume, et désigne plus une main qui accueille, qui reçoit. La tradition la voit même comme une matrice.

TRADITION

SEPHER YETSIRA

Il a fait régner la lettre Khaf  et lui a attaché une couronne. Par elle, Il a formé le Soleil dans l'univers, le quatrième jour dans l'année et l'oreille gauche dans l'être vivant.
 
SYMBOLISME


Si le Yod était la main qui donne, le Khaf est la main qui reçoit. Comme le Beth, il offre une vaste ouverture. Khaf en hébreu c’est la paume, mais aussi le bassin de balance, la cassolette, la cuillère, le vase, la coupe, toutes sortes d’objets concaves conçus pour contenir. La racine trilitère qui lui correspond est Khafaf attachée à la flexion et à la courbe. Cette simple signification nous fait comprendre la valeur symbolique de cette lettre qui par sa faculté de recevoir permet la transformation des énergies et de la matière. La main façonne, transforme par son travail les objets du monde, les outils comme la cuillère ou la cassolette ou le creuset transforment par le mouvement ou la cuisson les ingrédients qu’elles contiennent.

Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe vierge, sur la poignée du verrou.

Dans ce verset du texte le plus mystique de toute la Bible, le Cantique des cantiques, le mot Khaf est désigné comme la poignée du verrou, nous savons que toutes les paroles de ce petit livre cachent des significations très profondes, mais il ne faut pas fouiller bien loin pour comprendre que la poignée dans ce poème crûment érotique est la concavité du sexe de la femme. Ce Khaf féminin sera l’instrument de la transformation de la pure pulsion en une spiritualisation et élévation de l’érotisme humain. Par le travail de ce Khaf, les humeurs qui s’échangent lors des rapports sexuels deviennent la myrrhe, symbole de richesse et d’éternité. Ce même verset comprend les deux aspects de la main, de mes mains, yd"y poignée, t/PK' et conserve l’ordre alphabétique.

Le Khaf est très fréquent dans la langue hébraïque, il marque la possession de la deuxième personne du singulier (à toi, masculin et féminin). Il est, phonétiquement comme symboliquement une lettre double : on peut le prononcer K ou Kh (comme dans Bach).
La tradition s’est intéressée à cette duplicité phonétique. La lettre Khaf peut être dispensatrice de miséricorde ou de justice. Avec sa version finale, elle comporte aussi deux graphies.
Le Beth et le Khaf peuvent graphiquement se confondre, la seule différence entre les deux lettres réside dans la présence ou l’absence de petite queue à la base droite des graphes.

Différence entre Khaf et Beth

La lettre Beth, comme nous l’avons vu plus haut est l’ouverture vers l’avenir des mondes crées, elle s’ouvre à l’avenir. Munie de son appendice, elle conserve une attache à ce qui la précède, l’univers de l’Aleph, du UN.  Le Khaf qui possède pratiquement le même dessin, mais ne laisse pas traîner cette accroche au passé, il est pure ouverture vers ce qui suit, vers le demain des choses.

La forme du Khaf final ne laisse planer aucune ambiguïté. La longue hampe donne le sens du graphe. Elle est une antenne souterraine vers les profondeurs.

La figure qui domine l’interprétation traditionnelle est celle de la couronne, Kéter. Le Khaf est indissociable de cette notion de royauté. La couronne est un des attributs supérieurs du  processus créatif, elle est la marque de l’énergie divine dans sa phase créative. Le Khaf est le haut du Haut. De nombreux mots qu’elle accompagne sont sous le signe de la majesté. Cette glorification est très parlante dans les deux formes de l’Ani, du Je, première personne du singulier. Dans la Bible quand Dieu parle, il n’emploie pas le Je, Ani, des humains, il dit Anokhi, un Ani amplifié d’un Khi qu’on pourrait qualifier de forme de majesté, un peu comme nos rois français disaient Nous au lieu du petit je.
De nombreux concepts clé de la pensée juive comprennent un Khaf.
Kavod (pensant, glorieux, grave, mais aussi par extension mis à part, sacré), est un mot qui revient souvent dans les prières. La valeur ajoutée de ses différentes lettres donne le 26 du Tétragramme, YHVH.
Un petit mot, souvent sous forme de préfixe, apparaît de très nombreuses fois dans le langage biblique : Kmo, qui est le comparatif comme, qui parfois est réduit à la simple lettre Khaf collée au début du mot. Comme l’indique une de ses étymologies, plateau de balance, il est l’élément qui permet de juger, de jauger toutes les choses. Sans lui aucun relief ne peut apparaître. La comparaison qu’il représente est l’articulation nécessaire pour concevoir le monde par les analogies. Le Khaf est le maître de la métaphore.
 
GUÉMATRIA
 

Le Khaf est le chiffre 20. Dès la Genèse, ce nombre apparaît dans les vingt pièces qui furent le montant de la transaction quand Joseph fut vendu par ses frères. Dans ce passage, on peut lire l’aspect négatif de cette valeur.
Le nombre vingt de la lettre est renforcé même par sa décomposition. Les commentateurs voient le Khaf construit par deux Yod. Ce qui donne l’addition 10+10=20.

Mais les deux Yod ainsi obtenus nous font apparaître le Nom ineffable caché sous la répétition de ces lettres.


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Lettre Khaf finale

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