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Daleth


FRANK LALOU

BAHIR

Ses disciples l'interrogèrent: Que signifie Daleth?
Il leur dit : La chose se compare à dix rois qui étaient dans un lieu unique.
Et ils étaient tous riches.

Or, l'un d'entre eux était riche, mais non pas comme chacun d'eux.

Bien que sa richesse fût grande, il fut appelé pauvre par comparaison avec ces riches.


SYMBOLISME


Les portes sont très nombreuses dans la Bible. La première occurrence de porte est déjà dans la Genèse lors des épisodes qui relatent la destruction de Sodome. La cause de la perte de cette ville et du terrible châtiment qu’elle reçut et non pas sexuelle comme aurait pu nous le faire croire une exégèse chrétienne, mais sociale. La tradition rabbinique nous dit que la faute des gens de Sodome était le mauvais accueil qu’ils faisaient aux étrangers, la violence qui leur était réservée. Les Sodomites fermaient les portes aux autres.
Lot sortit vers eux à l'entrée et, ayant fermé la porte derrière lui, première occurrence du mot porte dans la Bible.

Dès ces lignes, nous comprenons l’importance des portes dans la vision juive du monde. Car elles sont les membranes entre le dehors et le dedans. Toute la religion est faite d’oppositions : le licite, l’illicite, le mangeable, le non-mangeable, le travail, le repos, les enfants d’Israël et les Peuples des Nations. Toutes ses séparations ne doivent pas être envisagées d’une manière purement dualiste. Tout se discute : les frontières ont l’air net, mais il ne s’agit que d’une illusion. Il n’y a rien de purement binaire dans l’application des règles juives. Même ce qui paraît être le plus déterminé est sujet à interprétation.
Cette perception du judaïsme par les religions voisines, vient du fait qu’elles ne connaissent de cette tradition que la Bible. Jamais la Bible ne fut utilisée à la lettre. Par exemple, la loi du Talion est inapplicable telle qu’elle est décrite dans le Pentateuque. La cacherout, les nourritures pures ou impures, n’est pas si simple car il existe de nombreuses dérogations. De même la frontière entre les jours chômés et les jours ouvrés n’est pas si rigide. La porte entre la Bible et la Vie est le Talmud. Le Talmud, commentaire très complet des livres sacrés, est l’ouverture qui permet d’aborder le monde ancien et complexe de la Torah.

Textes écrits dans la Mézouza

« Écoute, Israël ! YHVH, notre Dieu, est le seul YHVH. Tu aimeras YHVH, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements, que je te donne aujourd'hui, seront dans ton coeur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes » .(Deutéronome 6.4-9)

« Si vous obéissez à mes commandements que je vous prescris aujourd'hui, si vous aimez YHVH, votre Dieu, et si vous le servez de tout votre coeur et de toute votre âme, je donnerai à votre pays la pluie en son temps, la pluie de la première et de l'arrière-saison, et tu recueilleras ton blé, ton moût et ton huile; je mettrai aussi dans tes champs de l'herbe pour ton bétail, et tu mangeras et te rassasieras. Gardez-vous de laisser séduire votre coeur, de vous détourner, de servir d'autres dieux et de vous prosterner devant eux. La colère d’YHVH s'enflammerait alors contre vous; il fermerait les cieux, et il n'y aurait point de pluie; la terre ne donnerait plus ses produits, et vous péririez promptement dans le bon pays qu’YHVH vous donne. Mettez dans votre coeur et dans votre âme ces paroles que je vous dis. Vous les lierez comme un signe sur vos mains, et elles seront comme des fronteaux entre vos yeux.
Vous les enseignerez à vos enfants, et vous leur en parlerez quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. Et alors vos jours et les jours de vos enfants, dans le pays qu’YHVH a juré à vos pères de leur donner, seront aussi nombreux que les jours des cieux le seront au-dessus de la terre ».(Deutéronome 11.13-21)


La porte est à tel point importante dans le judaïsme qu’un commandement pentateutique y est attaché. Tout Juif doit clouer à sa porte une mézouza, un extrait du Deutéronome sous forme d’un petit parchemin enroulé. Cette mézouza doit être écrite à la main, elle ne doit en aucun cas comporter de coquilles et doit être fixée légèrement penchée aux dormants des portes. Les Juifs pieux portent leur main et embrassent cet objet chaque fois qu’ils pénètrent dans une maison juive. Ce rite est là pour marquer le passage du monde profane au monde sacré que représente la famille juive. C’est à partir de cette porte, sacralisée par la présence de ce rouleau, que les lois suprêmes de l’hospitalité seront appliquées. Les lois du dehors ne sont pas les lois du dedans. Ce seuil est aussi très important pour la pratique du Shabbat. La maison, Beth, est le lieu où la fête hebdomadaire est la plus importante. Plus que la synagogue. Au-delà de la porte de la famille, par exemple, on ne peut plus porter d’objet le samedi, ce qui rend compliquée la vie ordinaire.


Mézouza


La lettre Daleth est aussi la lettre de la pauvreté. C’est pourquoi les commentateurs le voient courbé, en position d’humilité. En hébreu Dal veut dire : pauvre, maigre, misérable. Le Daleth est le pauvre que poursuit le Guimel riche. Dans la tradition, la pauvreté a deux pôles signifiants. La pauvreté négative, celle qui empêche l’être de s’accomplir, de manger correctement, de s’abriter quand il fait froid. La pauvreté positive qui elle, peut être un choix de vie, le choix de ne pas être le jouet de ses désirs. La pauvreté de la personne ayant choisi le détachement pour se consacrer à l’étude ou aux bonheurs simples. L’ordre alphabétique nous éclaire de nouveau. Si on colle le Guimel au Daleth cela donne le mot Gad qui veut dire bonheur. De même si on lie un Daleth au Guimel nous trouvons le vocable Dag, le poisson. On sait que le poisson pour les peuples du désert est le symbole du bonheur, de l’opulence.


Il existe dans la tradition un jeu de mot mettant en scène les quatre premières lettres de l’alphabet : AlephBethGuimelDaleth. En fouillant les étymologies respectives nous pouvons distinguer la phrase : Alouf Bayit Gomel Dalim, ce qui veut dire : le maître de maison donne aux indigents.


Le Daleth venant après l’Aleph de l’Unité, le Beth de la Création, le Guimel, le pont entre les deux premières arcanes, est la lettre du Monde créé, de la forme. Il est l’huis qui débouche sur le monde de la forme.


L’EXPLICATION DES LETTRES (selon Juda b. Salomon ha-Cohen), traduction Colette Sirat

Daleth
, l’air qui est chaud et humide existe grâce à Jupiter, lequel dépend nécessairement de l’intellect. Daleth et l’écriture dit : et mon Daleth ouvrit les cieux et fit pleuvoir sur eux la manne. La manne qui est tombée pour les Israélites dans le désert est de la nature de Jupiter.


GUÉMATRIA


Le Daleth est le chiffre 4. Le 4 est très important dans la tradition. Il est le quatrième jour de la création, le jour des luminaires. Le jour où le monde reçoit une lumière réelle et physique contrairement au Que la lumière soit qui se fait sans astre. Le jour où les ténèbres sont éclairées par le Soleil et la Lune. Le quatre est aussi dans les directions de l’univers, le nord, le sud, l’ouest et l’est. Ces quatre points cardinaux formatent l’univers, l’espace peut exister par eux. Quatre sont les saisons et les éléments, Terre, Eau, Air, Feu.


Dans l’univers kabbalistique le monde connaît quatre degrés, Quatre Mondes pour advenir : l’émanation, la création, la formation et l’action. Le quatre est dans le domaine de l’exégèse le nombre des niveaux de l’interprétation. Un moyen mnémotechnique permet de distinguer ces quatre degrés, le Pshat, le Remez, le Drash et le Sod, ce qui donne l’acronyme Pardès, le Paradis.

Nom de Yéhoudah et Tétragramme



Les consonnes du nom sacré de Dieu sont au nombre quatre, Yod, Hé, Vav, Hé. Des lois spéciales régissent les corrections à apporter au Tétragramme YHVH dans les parchemins calligraphiés. Ce nom est par essence même ineffaçable. Même conserver une seule lettre abîmée est lourdement préjudiciable. Cet interdit par exemple est lié au nom Yéhoudah (Judah). En effet il est déconseillé d'écrire sur une pierre tombale exposée aux vents et aux pluies le prénom Yehoudah car si le Daleth vient à s'éroder il ne reste plus que l'ineffable, l'imprononçable et l'indestructible Tétragramme. Le Daleth est la porte qui ouvre sur l’univers du mystère du nom de Dieu.


L’Homme, Adam, comporte aussi une ouverture. Le Daleth central de ce mot est le passage entre l’Aleph qui représente l’unité, le monde divin et le Mem, le monde des eaux matricielles. Une fois de plus le Daleth nous parle de la forme, de la création.


Il est très difficile parfois de distinguer la lettre Resh, du Daleth. Pour bien différencier les deux graphes il faut observer le coin supérieur droit. Le Daleth est pourvu d’un petit appendice que certains kabbalistes ont identifié à un Yod. Le Yod est la plus petite lettre de l’alphabet, mais une des plus importantes selon la symbolique hébraïque. Le Yod est lié au nom ineffable de Dieu, puisqu’il commence son Tétragramme. Cette présence dans le Daleth nous ramène à l’étymologie Dal, pauvreté. Dans ce cas, la pauvreté du Daleth est positive car elle sait s’incliner, elle sait renoncer à son ego pour accueillir la présence de l’Invisible.


Le Daleth peut se lire d’une manière éclatée comme deux Vav. Ce qui modifie sa valeur de 4 à 2 X 6 = 12. Comme les douze tribus d’Israël, comme les douze signes du Zodiaque, les douze mois de l’années. Nous retrouvons là, la valeur première du Daleth, nombre de l’expression physique de la forme. En poussant plus loin la décomposition numérique de la lettre, chaque Vav vaut 6+1+6=13. Vav s’écrit Vav/Vav, ce qui fait 26, c’est-à-dire la valeur du Tétragramme.


formation du Daleth en deux Vav


1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Je vois que vous utilisez mes lettres. C'est très sympa, mais j'aimerais que vous me demandiez d'abord l'autorisation, que j'accorde.
    Je vais vous expliquer pourquoi je n'aime pas qu'on utilise mes lettres sans autorisation. Mon travail sur les lettres hébraïques remonte à plus de 35 ans. Un calligraphie qui travaille tous les jours fait des progrès tous les jours. Donc les lettres que vous montrez ne révèlent le le niveau de perfection que j'aimerais atteindre aujourd'hui. C'est pourquoi si vous me demandez des lettres je peux vous fournir des qui répondent à mes exigences présente. D'autres par quand ont parle de tradition, il faut utiliser des lettres qui tiennent compte de l'équilibre et non des lettres artistiques, ce sont des domaines différents, tous les deux nobles mais parallèles. Par exemple regatdez votre chapitre du Ayin, vous avez placé des lettres qui ne respectent pas du tout l'équilibre de cette lettre. Le tsdé est une lettre très difficile à tracer. Tracer une lettre déséquilibrée dans un cadre sacré c'est s'exposer soi-même au déséquilibre. Une lettre qu'on suscite en la calligraphiant nous offre en retour son énergie, pour les Ayin, c'est ainsi tout le contraire qui se passe. D'où la nécessité de se faire contrôle. Je suis en train d'écrire une nouvelle méthode calligraphie traditionnelle qui proposera aux "calligraphes" des modèles rigoureux et exacts et non des fantaisies. Si vous le voulez je vous enverrai des modèles. Amicalement. Merci de faire connaître les lettres, mais respectez plus les formes sacrées.

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